Immobiliers.ci – 48 heures à Abidjan. Ça secoue le cocotier!
C’est vrai, la capitale ivoirienne ne figure pas en tête de la bucket list des globe-trotteurs. On vient à Abidjan surtout pour le business et on repart fissa, sans avoir vu beaucoup plus que le lobby de son hôtel. Sauf s’y on s’installe au Pullman. Son directeur, François Cernejeski, se fait un plaisir de partager son carnet d’adresses d’expat installé depuis dix ans, et ça change tout! Dans ce Miami africain, l’énergie pulse, l’exubérante créativité s’exprime dans des lieux dingos. Voici quatre expériences à vivre ici et nulle part ailleurs.
Prendre un verre sur une île en bouteilles plastiques
Elle vient juste d’être nominée aux Africantalentawards 2019, catégorie Innovation de l’année. Unique au monde, elle flotte sur les eaux de la lagune Ebrié et comprend un resto, une petite piscine, quelques bungalows. On doit cette réalisation bricolo-écolo-responsable à un Français, Eric Becker, qui l’a construite patiemment, à partir de déchets récupérés dans la nature. Avec les centaines de milliers de bouteilles vides qu’il continue de collecter localement, les vieilles tongs, il remplit des casiers. Puis liées les uns aux autres comme d’immenses flotteurs, ceux-ci soutiennent un espace aménagé d’un millier de mètres carrés, transformé en villégiature insolite. C’est fun et à 5 min de bateau du continent. Pour s’y rendre, découvrir les tarifs repas, nuit, voir la page FB @ileflottanteci.
Dîner sur la terrasse d’un diplomate fantasque
Neveu de l’ex-président Laurent Gbagbo, Alain Kablan Porquet a refait surface dans le quartier Riviera avec son inclassable Bushman Café. Porté disparu lors de la grave crise politique de 2011, il se présente à nous en diplomate, carte de visite à en-tête du ministère des Affaires étrangères pour tout vade-mecum. En débarquant nuitamment dans ce lieu bouillonnant, nous avons droit à la visite par le propriétaire et concepteur. Alain Kablan Porquet nous entraîne au pas de charge dans les méandres de son immense villa, dont il dit avoir huilé lui-même les beaux parquets exotiques ! Un labyrinthe de couloirs, escaliers gigantesques, bars, chambres d’hôtes semblent là de toujours alors que la maison a été construite récemment. Ce collectionneur éclectique et averti a accumulé en vingt ans des centaines d’objets, d’antiquités de toutes époques et de toutes provenances : du design Jean Prouvé, des colliers de femmes Peuhles, des tapis persans, tapisserie d’Aubusson, des fauteuils ayant appartenu à Giscard d’Estaing et à Houphouët-Boigny, de l’art déco, des instruments de musique, des livres jusqu’au plafond… Un sacré bric-à-brac où tout paraît authentique et utilisé sans grande précaution. Au dernier étage, l’immense toit-terrasse a été transformé en bar et restaurant barbecue avec cuisine en plein air, le Wélé. Il fait bon, on dîne la tête dans les arbres et les prix n’ont rien d’affolant dans cette cantine informelle, où les plats sont servis généreusement sur des planches garnies de feuilles de bananier. Au rez-de-chaussée, un salon de chocolat a été récemment installé, pour quelques mois. « Je change le décor et les concepts sans cesse », précise le propriétaire inconstant. D’ailleurs, ce soir-là, un peintre est en plein chantier : il dessine une fresque végétale dans une des montées d’escalier, alors que les clients vont et viennent. L’excentrique maître de ce lieu polymorphe, dégage une énergie de pile atomique et fait tout pour créer l’étincelle entre les convives. Il suffit d’être ouvert à la rencontre…www.bushmancafehotel.net
Chiller dans la baie des milliardaires
Vingt minutes de bateau depuis le quartier du Plateau, le downtown d’Abidjan, et on plonge en pleine jungle équatoriale. Les cargos, les buildings, l’agitation et les bouchons s’éloignent, place au calme, à la forêt dense, aux criques mystérieuses, aux petits croissants de sable blanc. Idéal comme excursion dominicale. Quelques villas pieds dans l’eau se laissent deviner au travers de la végétation vert sombre, illustrant à merveille l’adage : pour vivre heureux, vivons cachés. Villégiatures de ministres ou de familles fortunées, elles ont donné son nom à la baie des milliardaires, là où la profondeur est suffisante pour faire naviguer les yachts…
Dans ce petit coin VIP de la lagune, Miclo, aventurière aux mille vies, a acheté il y a 25 ans une cocoteraie et 100 mètres de plage pour construire sa petite maison de week-end. Une simple case. Aujourd’hui, l’endroit baptisé Coconut Grove est devenu table d’hôtes chic avec 8 chambres que cette Française installée depuis 40 ans à Abidjan a voulues aussi écolo que possible. Un captage assure l’alimentation en eau douce, les produits d’entretien respectent l’environnement et ses chevaux servent de tondeuse bio ! Dans le jardin à la fois exubérant et maîtrisé, l’ambiance est zen, on décompresse illico sous le gazebo, un virgin mojito à la main. «Certains expats en burn out viennent même se refaire une santé ici, sur ordre de leur patron!», précise Miclo. La confidentialité est de mise car jusqu’au plus haut niveau de l’état, on aime venir déjeuner ou dîner des meilleurs produits locaux et d’importation. Tout extra frais, hyper contrôlé, délicieux. La patronne veille à tout et tient l’endroit en maîtresse femme. On a quand même fini par apprendre la venue de Dominique Ouattara, la Première dame, il y a quelques jours…
Téléphone: (+225) 07 07 05 10 – Adresse: Île Boulay – coconutgrove.abj@gmail.com – Transfert en bateau organisé à la demande.
S’éveiller à l’art contemporain africain
Pour un arty city tour, il faut s’offrir les services d’un chauffeur car quasi impossible de se repérer et de trouver la bonne adresse dans une ville sans plaques de rue, ni beaucoup de panneaux de signalisation. Les galeries se situent dans des quartiers résidentiels, comme des petites oasis hors du monde. C’est moins feutré et concentré qu’à Saint Germain des Prés mais très régénérant et stimulant pour l’esprit. On peut commencer la tournée chez Cécile Fakhoury, quartier Cocody. Fille de galeristes parisiens et belle-fille de l’architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury, elle a ouvert en 2012 à Abidjan la première grande galerie d’art contemporain. Et récemment, une autre à Dakar, au Sénégal. D’ailleurs en art comme dans d’autres sujets, les deux capitales s’observent et se challengent. La galerie Fakhoury était la seule d’Afrique subsaharienne présente à la FIAC 2019 avec les œuvres de Ouattara Watts, l’un des quinze artistes qu’elle représente. « Ils sont encore sous-cotés et je vends essentiellement à l’étranger, même si cela tend à se rééquilibrer avec les collectionneurs ivoiriens. Tout est à faire et il manque surtout un grand musée à Abidjan. » Pour semer des petites graines, Cécile reçoit les scolaires et les étudiants des beaux-arts dans son immense espace en béton brut, adouci par la végétation environnante. Encore des femmes galerie Louisimone Guirandou. Deux générations, mère et filles, œuvrent depuis trente ans à la promotion culturelle des plasticiens, artisans d’art et photographes. En ce moment, on peut craquer sur les peintures et photos de YZ, street artiste franco-anglaise dont le projet «Street vendors», portraits des vendeuses des rues d’Abidjan, a marqué les esprits. Ses grands collages sont encore visibles sur quelques murs de la ville.
A découvrir aussi : la Fondation Donwahi, lieu d’échange, d’expo et résidence d’artistes (info@fondationdonwahi.org)